Ma fuite de Sighann fut improvisée par une nuit sans astre, une nuit noire. C’est typiquement le genre de soirée qu’affectionne les elfes noirs. Si jamais un jour vous avez l’insigne honneur d’être torturés à mort dans les prisons de Sighann vous comprendrez. Vous verrez nos artiste sortir de leurs demeures et transcender leur art sur les toits de la citée noire.
Moi futur écrivain de renom, j’étais adossé contre les longues cheminées fumantes qui jaillissent du toit de ma propres maisonnée. J’avais la nette sensation qu’une partie du monde tapis à mes pieds m’appartenait ainsi. Ces badauds là bas de la ruelle cucrix travaillant le cuir m’appartenait. Cette troupe de garde de la citée qui finissaient de cuver leur dernière bouteille de spiritueux bon marché coupé à l’eau, m’appartenait aussi.
Cette longue colonne de garde, en armure noire étincelante, guidée par la matriarche aussi m’appartenait…. Mais non, Damned !! Par Arklendar pourquoi sont-ils de sortie ?
Dans un long frisson j’ai soudain compris que cette armée se dirigeait vers ma maison . Qu’avait donc fait ma famille pour s’attirer les foudres des hauts dignitaire de Sighann ? Il ne me restait que deux choix:
1: Filer avertir ma famille de l’arrivée de l’armées des hauts dignitaire. ( bien sur le temps d’accéder aux appartements de notre matriarche et de mon père il serai bien tard)
2: Filer en douce par les toits et assister à la débâcle de ma famille. Mais ainsi je pourrais probablement en sortir vivant.
Vous qui êtes peut-être un de ces vaillants héros, que l’on ne voit que dans les éloges funèbres vous vous seriez jeté glaive au poing défendre vos sœurs et vos parents. Moi je suis elfe noir perfide, je préfère la vie à une mort glorieuse. D’autant plus que voir périr dans un brasier fumant notre matriarche allait être un divertissement des plus passionnant.
Il fallait néanmoins que j’aille récupérer mes précieux bien . Il n’étais pas question que les familles adverses s’emparent de mes précieux cucrix, ou de mes fioles de poisons minutieusement élaborées. Par chance ma chambre donnait sous les combles, je me frayait donc un passage à travers les sombres corridors pour le moment silencieux. Cette nuit là aucun astre ne se reflétait dans les miroirs du labyrinthe familial ce qui donnait un aspect apocalyptique à l’ensemble.
Une fois mes précieux biens en ma possession je soufflait les dernières bougies suffocantes de ma bientôt défunte chambre.
En me dirigeant de nouveaux vers les toits je distinguait nettement en contrebas le vacarme des soldats. Il se pressaient déjà contre la lourde porte de bronze a tête de dragons ornant l’entrée de notre demeure. Perché sur le chemin de ronde je les voyaient empoigner leurs terribles arbalètes imbibées de chaux incendiaire.
Puis tout ne fut qu’entrechocs de métal, pluie de sang, odeur de brûlé… La bataille s’intensifiaient, et je pouvais admirer l’agonie de ma maison. Je pouvait à loisir surprendre leur cris suffocant. Je sentait contre mes joues la chaleur du brasier ardent.
Toute chose retourne à la poussière, certaines sont destinées à y retourner plus vite. Ainsi soit-il. En d’autres circonstances….